L'enfant bleu
" Avec Orion j'apprends, j'apprends beaucoup. Que recouvre cette étrange certitude ? Que j'apprends à ne pas savoir, à ne pas comprendre et pourtant à vivre. Que surtout j'apprends à attendre. Attendre quoi ? Est-ce Orion qui répond à ma place ? On ne sait pas.
[...] Il est le déshérité, c’est vrai, il a sans doute été choisi, au fond du ténébreux inconscient familial, pour être le symptôme de son mal.
Il est aussi le produit d’une certaine pensée que façonnent à travers le monde la télévision et la publicité. Pourtant cela n’altère pas le fond natif, originel qui apparaît chaque fois que l’événement, la douleur ou la joie percent l’écran d’opinions ou de pensées toutes faites dans lesquelles l’époque et son milieu le tiennent enfermé. (…) Orion et moi, nous sommes du même peuple. Quel peuple ? Le peuple du désastre. Qu’est-ce que ça veut dire le peuple du désastre ? La réponse, imparable, avec la voix d’Orion dit : « On ne sait pas ». (…) Ce n’est pas une réponse, c’est mon peuple. Point. "
Un très beau livre que ce cheminement à deux d'Orion, adolescent psychotique, et de Véronique, sa psy-un-peu-docteur, accompagnante, étayante, sécurisante, tout en se reconnaissant désarmée...
Et l'art qui construit, pour passer du "on" vers le "je" qui inscrit, qui donne enfin une place à soi...